Etat des lieux / Transitions

, Lieu : Nantes, Maître d’ouvrage : Barré-Lambot, Période : 2006 - 2006, Surface : durée: 22min 27 / DV Pal

Commande :

Barré-Lambot

Réalisation :

Denis Leclerc

Texte :

Jean-Yves Petiteau

 


Architecture en chantier

 

«J’avançais lentement, ma voiture dériva
et un heurt violent me tira soudain de ma rêverie.
Merde ! J’aperçus une roue de vélo à l’avant, qui continuait de rouler en roue libre,
et comme une poupée qui perdait l’équilibre,
La jupe retroussée sur ses pantalons blancs.

Tu t’appelles comment ? Melody
Melody comment ? Melody Nelson
Melody Nelson a les cheveux rouges et c’est leur couleur naturelle » (1)

Premiers secours, dernière urgence :
Architecture en chantier ; entre la vie et la mort.
Et si l’architecture était toujours un chantier,
-un passage entre-
Un autre temps, entre deux mondes,
La durée du passage et l’attente d’un autre temps.
 
Être, habiter, passer

Passer entre,
Les bâtiments de ville qui gardent la mémoire d’un présent toujours à réinventer…
Toujours ailleurs, rappel d’un autre temps, à venir ou arrêt du temps

Le cycle : la vie quotidienne et l’accident,
Le lieu glisse sur le contexte d’un autre lieu,
La caméra suit le parcours de la lumière
Le jour succède au jour, la nuit ouvre la porte de la nuit.

Les portes glissent,.laissent filtrer la rumeur de la ville
Glissement du jour;
Aube et métaphore de l’aube
Chaque ouverture est une attente,

Lumière, attente entre la vie et la mort

 

Équivalence :
Dedans / dehors.
Équivalence :  avant / après,
Ligne mélodique et émergence du timbre.
Attente d’un autre temps, présence réelle ou virtuelle du présent
L’accident seul témoin du réel ; rupture de la monotonie, écho de l’accident, banalité atroce

Pas d’image sans arrêt sur image
Art de la fugue, présence absence, retour sur image, recommencement des passages :
intérieur-extérieur,
Les hommes apparaissent, disparaissent dans le sol, dans la lumière, dans la nuit.
Image latente, attente de l’image,
Chantiers des architectes et pompiers en chantier.
Lieu capteur de lumière, capteur des corps. limbes de l’urgence du ciel ou de la nuit.

«Ce sont de pures situations optiques et sonores, dans lesquelles le personnage ne sait comment répondre, des espaces désaffectés dans lesquels il cesse d’éprouver et d’agir, pour entrer en fuite, en balade, en va-et-vient, vaguement indifférent à ce qui lui arrive, indécis sur ce qu’il faut faire. Ce n’est plus une situation sensori-motrice, mais une situation purement optique et sonore, où le voyant a remplacé l’actant : une » description »… .
Nous ne sommes plus dans la situation d’un rapport de l’image actuelle avec d’autres images virtuelles, souvenirs ou rêves, qui dès lors s’actualisent à leur tour : ce qui est encore un mode d’enchaînement. Nous sommes dans la situation d’une image actuelle et de sa propre image virtuelle, si bien qu’il n’y a plus d’enchaînement du réel avec l’imaginaire, mais indiscernabilité des deux, dans un perpétuel échange.”  (2)

(1) Serge Gainsbourg, Histoire de Mélody Nelson, 1971.
(2) Gilles Deleuze “L’image temps” cinéma 2 ed. de minuit P.356 et 358, Paris, 1999.

Centre de secours Gouzé